A la recherche du troisième oeil perdu :
Un chapitre oublié de l’histoire des échanges culturels entre l’Occident et l’Extrême-Orient : Arts Anciens de l’Extrême-Orient et Art Moderne Occidental: Relais de la flamme.
Occident et Extrême-Orient : deux civilisations aux antipodes, deux bouts du monde aux distances extrêmes, et deux périodes distinctes – Le Moderne et l’Ancien. Des liens impossibles entre les deux extrémités ? Des artistes modernes occidentaux nous ont légué nombre d’œuvres sur des sujets et des formes de l’Extrême-Orient.
Ce fait, comment l’expliquer ? Même si bien des œuvres d’art sont d’ores et déjà devenues très populaires, pour certains gréco-centristes, l’art de l’Extrême-Orient n’est toujours pas intégré à la culture générale. Les paradigmes et modes traditionnels de pensée dans l’art de l’Extrême-Orient sont encore loin d’être utilisés comme l’Outil pour analyser l’Autre (surtout pour des œuvres « apparemment occidentales ») et même encore rarement connus par les généralistes de l’Art. L’Art total ? Et pour l’Humain total ? Par exemple, quand on étudie Marcel Duchamp qui est un représentant de l’art moderne occidental, les innombrables analyses à notre disposition valorisent davantage l’interprétation imaginaire que l’histoire réelle. C’est-à-dire, il y a plus de travaux de « subjectivité » que de « objectivité ». Ainsi le terme « Orphisme », inventé autrefois, a été rattaché à Duchamp. Cette étiquette est un bel ajout et une invention postérieure, créée comme outil d’analyse. Mais où sont son fondement solide et la réalité historique ?
Cette étiquette, suggérant parfaitement une « origine grecque », est confortable et exotique pour désigner les nouveaux styles de Marcel Duchamp et en donner l’ambiance mystique, mais elle est une « pure convention ». Elle ne repose pas sur des faits historiques. Dans les archives de toute la vie de Duchamps, il n’y a aucune source prouvant qu’il a étudié ce courant religieux grecque archaïque ou qu’il en a eu des intérêts et curiosités. En revanche, concernant ses intérêts pour l’Asie et l’Extrême-Orient, on en a des preuves concrètes. La méthode historiographique, qui ne veut rien inventer, fouille. L’Art moderne occidental et l’Art ancien de l’Extrême-Orient, entre les deux, c’est « n’a rien à voir» ? Les Avant-gardistes occidentaux ont-ils regardé l’art de l’Extrême-Orient ? Puisque les artistes ne veulent pas parler de leurs œuvres, ni de leurs conceptions ni de leurs inspirations, nous ne pouvons recourir qu’aux méthodes historiques. Archives, journaux et correspondances de leurs contemporains montrent que ces artistes avaient eu, – tantôt de vraies curiosités et des échanges avec les explorateurs revenus de l’Extrême-Orient, – tantôt des ami(e)s, serviteurs, servantes ou encore voisin(e)s asiatiques immigrant(e)s, – tantôt encore des fréquentations des musées asiatiques érigés en Europe – dont le Cernuschi et le Guimet de Paris -.
Et ceci est bien le cas de Marcel Duchamp, de multiples témoins historiques l’ont noté et prouvé. Ici, la méthodologie historique est plus pertinente que celle de l’analyse de l’imaginaire panhellénique pour comprendre les œuvres de Duchamp, innovantes à son époque, telles que le « Courant d’air sur un pommier du Japon » (1911) et les fameux « Ready-made » (Chan/Zen). Il circule un préjugé affirmant que l’art d’Asie n’impacte que l’Asie. Si l’art venu de l’Extrême-Orient est clôturé dans les seules barrières de disciplines spécialisées, telles que les études orientalistes,la sinologie, l’indologie, la japonologie… et si les musées consacrés aux arts asiatiques n’intéressent que des orientalistes et spécialistes ? alors, ce serait un grand échec et une grande perte pour l’humanité. Et bien, non, ce n’est pas la réalité. Faisons attention aux inventions des clichés et préjugés…
Au nom du respect des disciplines, n’enferme-t-on pas la civilisation de l’Extrême-Orient dans les frontières de « Localité », pour pouvoir nier et exclure les possibilités éventuelles des influences exercées par l’art d’Extrême-Orient sur l’art occidental ? L’idée reçue, trompeuse, est répandue. Faut-il en rester là ? Ici nous nous efforçons de déterrer ce chapitre oublié de l’histoire des échanges culturels entre l’Occident et l’Extrême-Orient. Et de mettre en valeur la richesse et la complexité de l’histoire de la civilisation humaine. Ainsi, dans les anciennes croyances d’Extrême-Orient, le troisième œil symbolise l’inspiration, l’illumination et la maison de l’esprit (Conscience).
A cause du pillage de nombreuses têtes de bouddha orientales, les troisièmes yeux sont perdus. Même les arts modernes et d’avant-garde occidentaux n’échappent pas au ressourcement par l’art extrême-oriental. De nos jours, en 2023, faut-il encore rester aux répétitions étroites, bornées et stériles de l’Européocentrisme et du Greco-centrisme ? Nous nous efforçons de révéler que le Musée asiatique n’a jamais été réservé qu’aux uniques orientalistes. L’art extrême-oriental a influencé les pionniers modernes et l’avant-garde occidentaux, et il est entré dans la culture générale. Il est toujours et naturellement une partie intégrante de la civilisation humaine totale. De nombreuses œuvres d’art anciennes de l’Extrême-Orient apparaissent très modernes aux yeux des Occidentaux contemporains. C’est un mystère.
Date : samedi 27 mai à 14h
Réservation : Billetterie
adresse : Musée Cernuschi
7, avenue Vélasquez
75008 Paris