7e Saison (2016-2017)
Films du cycle
Le Voleur de chevaux
de Tian Zhuangzhuang
« Le Voleur de chevaux » explore la relation des hommes à la religion dans la société tibétaine à travers le conflit intérieur vécu par un homme qui vole des chevaux pour vivre tout en étant un bouddhiste fervent.
« Le voleur de chevaux » est en cinémascope, d’une forme elliptique, avec des dialogues réduits au minimum, toute la force du film étant dans l’image, la lumière, la couleur et le son. La pure beauté du paysage est transcendée en beauté spirituelle.
De caractère avant-gardiste, il est souvent considéré comme expérimental. A la sortie du film, commentant le peu de succès remporté à l’époque, Tian Zhuangzhuang a déclaré à un journaliste que « Le Voleur de chevaux » était en fait pour le siècle.
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Old Dog
de Pema Tseden
« Old Dog » conte l’histoire d’un mastiff tibétain et de son vieux maître, qui refuse de le vendre à de riches Chinois pour en faire un animal de compagnie à la mode.
Histoire emblématique des pressions exercées par la société marchande et une modernité agressive venue de l’extérieur sur une culture ancienne en symbiose avec la nature, « Old Dog » poursuit la réflexion entamée avec les deux films précédents du réalisateur avec lesquels il forme une trilogie informelle.
Dans le cadre du festival, en présence du réalisateur :
Tharlo 《塔洛》2015 – 123’
Adapté par Pema Tseden de sa nouvelle éponyme, première adaptation par l’auteur de l’une de ses nouvelles. Traduction parue dans le recueil Neige chez Ph. Picquier, réédition en poche en octobre 2016.Présentation au cinéma Les 7 Parnassiens (dates à préciser).
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Printemps dans une petite ville
de Fei Mu
Avant-dernier film et chef-d’œuvre de Fei Mu, « Printemps dans une petite ville » est une histoire qui aurait pu être banale d’un triangle amoureux classique, mais, filmée dans un monde clos, au bord d’une muraille en ruine, comme en marge du temps, elle devient un drame furtif, fait d’espoirs déçus et de projets inaboutis, qui prend un sens emblématique.
La première du film ayant coïncidé avec la libération de Shanghai, son atmosphère ne répondant pas à celle du temps, le film a été mis à l’écart, puis critiqué pour sa « décadence petite-bourgeoise » et son caractère passéiste.
Redécouvert seulement au début des années 1980, il est considéré depuis lors comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma chinois, un chef-d’œuvre intemporel où chaque geste, chaque mot est un indice révélateur de l’indicible – l’âme des personnages, leurs désirs refoulés et leur profond désespoir.
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L’eunuque impérial Li Liangying
de Tian Zhuangzhuang
« L’eunuque impérial Li Liangying » est un film atypique de
Tian Zhuangzhuang, tourné au studio de Pékin au lendemain des
événements de Tian’anmen, mais typique des productions
chinoises des temps de crise et de resserrement parallèle des
conditions de censure : situées dans un passé impérial plus ou
moins lointain qui leur assure une apparence apolitique –
apparence qui n’exclue pas les allusions voilées et symboliques.
Li Lianying étant le dernier grand eunuque impérial, il s’agissait,
dans l’esprit du studio et des autorités, de conter une histoire
morale fustigeant les excès commis sous la dernière dynastie de la
« période féodale ».
Mais le film est le résultat d’un remarquable travail de mise en
scène soutenu, entre autres, par celui des interprètes et du directeur
de la photo : s’il ne réussit pas à s’abstraire de tous les clichés du
genre, Tian Zhuangzhuang montre comment un réalisateur de
talent peut les dépasser, même dans les circonstances les plus
tendues.
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Le Cerf-volant bleu
de Tian Zhuangzhuang
« Le cerf-volant bleu » est l’histoire des malheurs subis par une famille pendant les diverses périodes de répression politique des années 1953-1967. C’est le film le plus personnel de Tian Zhuangzhuang, celui qui reflète ses souvenirs d’enfance, ceux de sa famille et de ses amis. Un film remarquable, mais qui lui a coûté très cher. Il ne put être monté qu’après avoir été passé en fraude à l’étranger et Tian Zhuangzhuang fut frappé d’une interdiction de tournage qui ne fut levée qu’en 1996. Mais il nous reste un chef d’oeuvre qu’il lui fallait faire, a-t-il dit, « pour se libérer de l’obsession d’avoir à le faire ».
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In the Wild Mountains
de Yan Xueshu
Réalisé par un cinéaste essentiellement connu pour ce film, « In the Wild Mountains » est un tableau réaliste et profond des conséquences sociales, dans les zones rurales, des réformes économiques lancées à la fin des années 1970, période de transition parfois très difficile pour les paysans. Tourné dans le Shaanxi, le film est adapté d’une nouvelle de Jia Pingwa (贾平凹) publiée en 1984, « Les gens du val de Jiwo » (《鸡窝洼人家》). L’auteur y dépeint les tribulations de jeunes paysans et leurs problèmes maritaux, les difficultés économiques se répercutant sur leur vie familiale – ce qui sera un thème plus ou moins récurrent dans l’oeuvre de Jia Pingwa.
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The Trouble Shooters
de Mi Jiashan
« The Trouble Shooters » est un film plein d’humour qui cherche à capter l’atmosphère de la fin des années 1980 en Chine, entre fossé des générations et aliénation des jeunes, des jeunes citadins perdus dans la cité moderne post socialiste, aux confins de l’absurde. C’est l’univers typique de Wang Shuo qui a adapté ici l’un de ses romans, celui des comédies de Feng Xiaogang, aussi, dont on retrouve ici l’acteur fétiche, Ge You.
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Sea Food
de Zhu Wen
Écrit et réalisé par Zhu Wen 朱文, ce film marque son passage de l’écriture au cinéma.
Poète du groupe Tamen 《他们》, ami de Li Hongqi 李红旗 et Han Dong 韩东 avec lequel il lança le mouvement Duanlie 《断裂》à la fin de 1998, Zhu Wen était un écrivain turbulent et prometteur. Duanlie signifiait rupture, mais la voix de l’écrivain contestataire se perdait dans le désert. Alors Zhu Wen a soudain cessé d’écrire en 2000 pour se tourner vers le cinéma : c’est avec la littérature qu’il a opéré sa rupture. Il était déjà scénariste. Typique de son univers, son scénario pour « Sea Food » est basé sur les relations malsaines entre une jeune prostituée suicidaire et un policier sympathique, mais violent, le tout dans le cadre frigorifiant et désert de la station balnéaire de Beidahe en plein hiver, sous la neige.
Tourné en numérique, caméra à l’épaule, le film a remporté le prix spécial du jury à la Biennale de Venise en 2001.
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Lettre d’une inconnue
de Xu Jinglei
Second long métrage de Xu Jinglei, « Lettre d’une inconnue » a contribué à la faire connaître en tant que réalisatrice alors qu’elle avait tout juste trente ans et était surtout célèbre en tant qu’actrice. Elle signe et interprète ici, face à Jiang Wen, une excellente adaptation de la nouvelle de Stefan Zweig, transposée dans le Pékin des années 1930-40, dans un calme relatif au milieu des tumultes de l’époque,
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Gimme Kudos
de Huang Jianxin
Marquant le retour de Huang Jianxin derrière la caméra après quatre d’absence, « Gimme Kudos » est un tableau pénétrant et drôle d’un trait caractéristique de la société chinoise : le besoin de « face », c’est-à-dire de reconnaissance de ses dons et de ses mérites. Reprenant le moule de ses films précédents, Huang Jianxin signe ici une comédie bien enlevée qui traduit aussi l’influence de Feng Xiaogang - il est d’ailleurs le producteur exécutif.
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A World Without Thieves
de Feng Xiaogang
Avec « A World Without Thieves », le monde de Feng Xiaogang s’enrichit d’une petite cohorte de voleurs et d’escrocs dont les visées sur le pécule d’un jeune garçon naïf et bon enfant sont déjouées par sa candeur.
Dans le rôle principal, Wang Baoqiang reprend un rôle semblable à celui qui l’avait fait connaître l’année précédente, dans « Blind Shaft », en confrontant des vétérans méconnaissables, dont Ge You et Andy Lau.
Le film marque un sommet de la carrière du réalisateur, en transcendant l’oeuvre littéraire.
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Blind Massage
de Lou Ye
L’histoire de « Blind Massage » se passe dans un centre de massage de Nankin, un massage spécial, traditionnellement effectué par des aveugles, le tuina du titre.
L’histoire est celle des aveugles qui travaillent dans le centre, ou plutôt des relations complexes qu’ils entretiennent entre eux car le centre est aussi le cocon pseudo-familial qui les héberge. Une importance spéciale est donnée à l’un des plus jeunes
résidents, dont l’histoire personnelle est particulièrement tragique, car il n’est pas aveugle de naissance mais a perdu la
vue enfant dans un accident qui a aussi coûté la vie à sa mère.
Le roman met l’accent sur la richesse du monde intérieur de personnages fragilisés par leur cécité, le film souligne surtout la violence, née des sentiments et frustrations de chacun ; chacune de ces oeuvres reflète en fait l’univers propre à son auteur. Il faut souligner le travail remarquable des acteurs, voyants et non-voyants mélangés.
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